Depuis des décennies, les loups d’Europe ont fait un retour remarquable grâce à de solides protections juridiques. Mais aujourd’hui, leur avenir est gravement menacé : la pression politique pousse dangereusement à l’affaiblissement de ces protections.
La directive « Habitats » et la directive « Oiseaux », qui forment ensemble les directives « Nature, sont le fondement de la législation européenne en matière d’environnement et de protection de la biodiversité dans les États membres. Conscientes de la crise mondiale de la biodiversité et de la disparition croissante des espèces, les institutions de l’UE ont mis en place un réseau cohérent de sites écologiques protégés, un ensemble de zone protégées. Aujourd’hui, l’ensemble de cette charte peut être menacée si nous ouvrons un débat dangeureux.
Un déclassement en cascade inquiétant
En décembre 2024, les parties à la Convention de Berne ont voté en faveur d’un déclassement du statut de protection du loup, avec prise d’effet au 6 mars 2025. Sans attendre, dès le lendemain, 7 mars, la Commission européenne a emboîté le pas en proposant de modifier la directive « Habitats » pour réduire le niveau de protection accordé à cette espèce.
Cette modification de la directive, qui depuis 1992 constituait un solide socle législatif pour la conservation des espèces en Europe, aurait pour conséquence directe d’accorder aux États membres une latitude considérablement élargie pour autoriser et organiser l’abattage des loups sur leurs territoires.
Une décision politique sans fondement scientifique
Ce tremblement de terre législatif n’a aucune assise scientifique. En effet, la grande majorité des populations de loups n’a pas un statut de conservation favorable alors qu’il ne constitue pas une menace pour l’homme, seule sa subsistance le préoccupe.
Des méthodes efficaces de cohabitation avec les troupeaux sont possibles, pour un pastoralisme apaisé et, dans le même temps, préserver les loups et assurer une protection efficace des troupeaux.
Une telle rétrogradation du statut de protection du loup ouvrirait la voie à d’autres espèces comme l’ours et le lynx. Modifier cette directive, c’est ouvrir les possibilités pour certains de polluer la protection du vivant avec des amendements nocifs.
La mobilisation de la Fondation Brigitte Bardot
Avec Eurogroup For Animals, la Fondation Brigitte Bardot se mobilise avant le vote crucial du Parlement européen (5-8 mai) et interpelle les députés européens. Nous exigeons un veto de la part du Parlement et du Conseil :
– Le rejet ferme de cette proposition dangereuse
– À contrario, plus d’investissements dans les mesures de coexistence
– Une meilleure surveillance des populations de loups
Des alternatives à la déclassification existent. Malgré la décision adoptée par le comité permanent de la Convention de Berne, l’UE peut prendre des mesures plus autoritaires, ce qui signifie qu’elle peut conserver le statut de protection stricte.
Les institutions de l’UE doivent protéger cette législation et appeler à une plus grande ambition plutôt qu’à une régression.
