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Espèces sauvages menacées : la FBB était présente à la CoP19 de la CITES

Du 14 au 25 novembre se tenait à Panama City la 19ème Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES CoP19). L’occasion pour les 184 pays signataires de cette convention internationale, d’étudier, comme tous les 3 ans, le statut de conservation des espèces sauvages menacées et de définir les règles qui encadreront, pour les prochaines années, leur commerce dans le monde entier. Depuis 20 ans, la Fondation Brigitte Bardot assiste aux discussions et était donc, cette année encore, présente pour défendre activement une meilleure préservation des espèces sauvages aux côtés des autres organisations du réseau Species Survival Network (SSN) dont elle est membre.

Lors de l’ouverture de cette 19ème Conférence des Parties, tous les discours ont mentionné l’extrême urgence à réagir face au déclin dramatique de la biodiversité, et l’opportunité que représente la CITES pour lutter contre la disparition des espèces sauvages, par une limitation du commerce international lorsque les populations animales sont menacées d’extinction.

Pourtant, face au constat d’urgence et au déclin marqué des populations de certaines espèces fortement braconnées ou dont l’habitat naturel se dégrade de façon très préoccupante, certains pays ont privilégié leurs intérêts économiques… mettant scandaleusement la conservation des espèces au second plan !

Parmi les principaux enjeux de cette CoP, figurait la protection d’espèces emblématiques telles que les éléphants, les rhinocéros et les hippopotames, mais également de nombreuses espèces marines (requins, raies, poissons), d’oiseaux, de tortues, de grenouilles et de reptiles commercialisés en tant qu’animaux de compagnie dans le monde entier.

Les bonnes nouvelles de cette CoP19 :

  • L’interdiction du commerce de certaines espèces menacées d’extinction (inscription à l’annexe I de la CITES)

Le bulbul à tête jaune, oiseau chanteur originaire d’Asie, et le scinque à langue bleue, lézard australien pouvant être vendu jusqu’à 9000 euros sur le marché européen, sont désormais inscrites à l’annexe I. C’est également le cas de plusieurs espèces de tortues (Tortue molle de Leith, tortue boite à front jaune, la Kachuga à front rouge et 2 espèces de tortues boueuses). Sauf dans des conditions exceptionnelles, leur commerce est interdit, afin de préserver les dernières populations de ces espèces.

 
  • Le renforcement de la protection de certaines espèces (inscription à l’annexe II de la CITES) 

Sont concernées :

Plusieurs espèces marines, menacées par la surexploitation pour le commerce, la pêche et la dégradation de leur habitat : l’ensemble des espèces de requins-requiem et des requins-marteau, les concombres de mer, les raies d’eau douce et les raies guitares.

Plusieurs espèces de lézards et de reptiles : le Gecko d’Inde, le Gecko casqué, le Dragon d’eau vert, le lézard à cornes, le lézard à cornes de désert.

Des espèces de grenouilles : grenouilles de verre, grenouille lémur arboricole et leo warty newt.

De nombreuses espèces de tortues : les matamatas, les tortues alligator et serpentine, les tortues des bois néotropicales, les tortues géographiques, les tortues musquées, les tortues boueuses.

Parmi les décisions importantes de cette CoP19, l’inscription de l’ensemble des 158 espèces de grenouilles  de verre à l’annexe II de la CITES est une excellente nouvelle ! Ces grenouilles, commercialisées en tant qu’animaux de compagnie et populaires en raison de leur transparence et de leurs grands yeux, sont en grande partie menacées d’extinction à cause de ce commerce, de la perte de leur habitat et des maladies infectieuses émergentes. Protégées dans les pays de l’aire de répartition (Amérique latine et du sud), les grenouilles de verre sont souvent capturées et exportées illégalement, principalement vers les Etats Unis et ce commerce ne fait que s’intensifier. Malgré une forte et incompréhensible opposition de l’Union européenne, cette décision de la #CITESCoP19 soumet le commerce international des grenouilles de verre à la délivrance de permis d’exportation, une formalité qui devrait freiner le trafic dont ces espèces sont malheureusement victimes !

Quelles sont les règles de la CITES ?

La CITES contient 3 annexes, dont les 2 principales définissent des règles de commerce international plus ou moins strictes selon le degré de protection dont les espèces ont besoin.

L’Annexe I comprend toutes les espèces menacées d’extinction. Le commerce de leurs spécimens est par principe interdit, sauf dans des conditions exceptionnelles.

L’Annexe II comprend toutes les espèces en danger, dont le commerce doit donc être réglementé pour éviter une exploitation incompatible avec leur survie. Leur commerce international est autorisé mais encadré et suivi. 

Un manque d’ambition préjudiciable à la survie d’autres espèces :

Bien que 10 pays africains de l’aire de répartition de l’hippopotame demandaient l’inscription de cette espèce à l’annexe II avec un quota d’exportation zéro afin d’interdire le commerce international (en vif ou de ses parties, telles que les dents/défenses, peaux, viande…), de nombreux pays, dont l’Union européenne, ont fait barrage à cette mesure qui aurait pourtant permis la préservation de cette espèce fortement braconnée et victime de trafic international. Le rejet de cette proposition est une occasion manquée de prendre des mesures raisonnables afin de freiner le déclin alarmant des populations d’hippopotames, dont la reproduction est lente et l’habitat se dégrade de façon préoccupante !

La protection des éléphants, discutée une nouvelle fois lors de cette 19ème CoP de la CITES, n’a pas permis de remettre en question le commerce international irrationnel qui pèse sur cette espèce en danger, fortement menacée par le braconnage et le trafic. Quatre pays d’Afrique (Namibie, Botswana, Zimbabwe et Afrique du Sud) conservent donc la possibilité de commercialiser et d’exporter leurs éléphants et leurs parties. Bonne nouvelle cependant, l’exportation d’éléphants vivants est suspendue jusqu’à la prochaine CoP, soit pendant 3 ans, le temps de définir dans quelles conditions de telles exportations peuvent être réalisées.

Tout au long des débats et lors des votes, l’Union européenne s’est illustrée par son manque de transparence, de cohérence dans ses positions, et de solidarité envers les autres Parties à la CITES qui ont malheureusement fait pencher la balance en défaveur de la conservation des animaux (notamment pour le poisson ornemental pléco-zèbre du Brésil et l’hippopotame).

La FBB a réagi dans les médias :

« Même si la 19ème CoP de la CITES a permis de renforcer la protection de certaines espèces, la FBB ne peut pas se réjouir de ce marchandage des espèces sauvages alors que la biodiversité subit une crise mondiale sans précédent, et reconnue par tous ! Ne soyons pas dupes, cette grand-messe a encore une fois démontré que la CITES n’est pas destinée à protéger les animaux sauvages mais à orchestrer leur commerce international en tentant de réparer, avec quelques pansements, le désastre écologique qu’il cause… Certaines décisions n’arrivent que trop tard, comme pour le scinque à langue bleue, un lézard rare d’Australie vendu jusqu’à 9000 euros en Europe, alors que l’espèce est reconnue comme en danger depuis 2017 !

Comble de l’inconscience face au déclin alarmant de la biodiversité, l’Union européenne s’est illustrée, tout au long de cette CoP, par son attitude obstructive et condescendante, faisant barrage à la protection demandée par de nombreux pays pour leurs espèces endémiques, hippopotames et grenouilles de verre par exemple… Un boycott incompréhensible, certainement dicté par des intérêts économiques au détriment de la conservation et de la diplomatie internationale, que la FBB dénonce fermement ! »

Enfin, rappelons que le chiffre d’affaires annuel du commerce international légal d’espèces sauvages est estimé à plus de 15 milliards d’euros, et le commerce illégal à un montant équivalent, voire supérieur. Bien que les enjeux économiques soient considérables, il est plus qu’urgent de réglementer de façon stricte le commerce international des espèces sauvages et de cesser de marchander la vie d’êtres sensibles essentiels à la préservation de notre planète !

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