Le 4 septembre dernier, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une consultation publique afin d’éventuellement proposer la révision du statut du loup au sein de l’Union européenne et ainsi d’affaiblir sa protection sur le territoire européen. Cette décision fait suite aux nombreuses pressions de certains Etats membres (dont la France) ainsi que des syndicats agricoles qui, face au retour encourageant de cette espèce menacée et aux risques d’attaques sur les cheptels, préfèrent recourir aux tirs d’abattage plutôt que de mieux protéger les troupeaux d’éventuels actes de prédation.
La Fondation Brigitte Bardot a parfaitement conscience des challenges que peut représenter la cohabitation entre les populations de loups et les activités d’élevage. C’est la raison pour laquelle elle soutient les initiatives visant à favoriser une coexistence pacifique et à développer de nouveaux moyens efficaces pour protéger les troupeaux. La Fondation Brigitte Bardot a notamment permis de tester avec succès pendant plusieurs années le dispositif de protection Turbo-Fladry en finançant sa mise en place sur plusieurs élevages dans les Vosges. Par ailleurs, la Fondation Brigitte Bardot a soutenu financièrement les travaux de recherche du biologiste Jean-Marc Landry ayant donné lieu au rapport CanOvis 2013-2018 « Le Loup dans le système pastoral », publié le 1er mai 2021. Ce rapport recommande notamment une meilleure connaissance individuelle du loup en milieu pastoral (caractéristiques propres aux loups présents et de leur propension à attaquer un troupeau) pour faire évoluer la protection des troupeaux, l’organiser et l’optimiser dans le temps.
La Fondation Brigitte Bardot a transmis à la Commission européenne sa contribution afin de participer à ce débat et défendre le maintien d’un strict statut de protection pour le loup, dont les populations se développent en France depuis une trentaine d’années, après que cette espèce ait été traquée et complètement éradiquée du territoire. Néanmoins, le taux de croissance des populations de loups n’est pas stable et son expansion reste fragile.
Le loup a un rôle écologique important et son retour dans les forêts françaises doit être perçu comme une chance pour la préservation de la biodiversité. Pourtant la France applique déjà une politique de régulation sévère vis-à-vis de cette espèce (19% à 21% de la population de loups pouvant être abattus chaque année) au mépris des avis scientifiques alarmants et défavorables.
Par ailleurs, le gouvernement français alloue des budgets colossaux à la protection des troupeaux et à l’indemnisation des éleveurs en cas d’attaques sur leurs troupeaux, sans s’assurer d’une part que les troupeaux attaqués sont effectivement protégés par les moyens de prévention subventionnés, et d’autre part que les dommages déclarés sont réellement dus à des attaques de loups.
Avant d’estimer que la présence du loup constitue une menace non maitrisable et qu’une cohabitation pacifique est impossible, la Fondation Brigitte Bardot appelle donc la Commission européenne à s’assurer que les Etats membres, et en particulier la France, appliquent la réglementation en vigueur pour préserver cette espèce menacée tout en protégeant les troupeaux avec des moyens efficaces et contrôlés.