Attendue depuis le mois de septembre, la décision de la Commission européenne concernant le statut de protection du loup vient de tomber comme un couperet : l’Union européenne va proposer que la protection du loup soit révisée et affaiblie dans le cadre de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dite Convention de Berne.
L’objectif de la Commission européenne : Faire passer le loup de l’Annexe II (espèces de faune strictement protégées dont la capture, la détention et l’abattage sont interdits) à l’Annexe III (espèces de faune protégées dont la gestion est réglementée) de la Convention de Berne, ce qui en faciliterait donc l’abattage en Europe.
Le 4 septembre dernier, la Commission européenne annonçait l’ouverture d’une consultation publique afin d’éventuellement proposer la révision du statut du loup au sein de l’Union européenne, consultation à laquelle la Fondation Brigitte Bardot avait contribué. Ce projet faisait suite aux pressions exercées par certains Etats membres (dont la France) ainsi que par des syndicats agricoles qui, face au retour encourageant de cette espèce menacée, demandaient de faciliter et renforcer le recours à l’abattage des loups plutôt que de mieux protéger les troupeaux d’éventuels actes de prédation.
Dans un sondage réalisé en novembre 2023 dans 10 Etats membres de l’Union européenne interrogeant les populations rurales sur leur rapport aux grands carnivores et aux pratiques de chasse, celles-ci se prononçaient majoritairement en faveur du maintien de la protection stricte des loups, rejetant l’argument selon lequel leur présence cause un sentiment d’insécurité, contrairement aux activités de chasse qu’elles considèrent davantage comme une source d’insécurité et d’inconfort.
Malgré une opinion publique défavorable, l’annonce de la Commission sonne certainement le glas de la protection stricte de cette espèce menacée, qui a peiné à se refaire une place dans les forêts européennes après avoir été traquée et éradiquée dans de nombreux pays. En effet, alors que l’Union européenne refusait jusqu’à présent de réviser le statut du loup et avait ainsi réussi à faire barrage à son déclassement en 2022, l’annonce de la Commission européenne vient rebattre les cartes. Si l’UE maintient le projet d’en proposer le déclassement, les jours sont comptés pour les loups jusqu’à la prochaine réunion du Comité permanent de la Convention de Berne qui se tiendra en décembre 2024…
« Sensible aux pressions politiques, particulièrement en cette période pré-électorale, la présidente de la Commission européenne démontre une nouvelle fois que son intérêt passe avant la protection de la biodiversité et des animaux. Après avoir détricoté la stratégie de la Ferme à la Table en proposant une révision décevante de la réglementation sur le transport des animaux, la Commission européenne met un nouveau coup de canif dans l’ambitieux Pacte vert (Green deal) annoncé en 2020, désavouant par là-même la position de la Commission en défaveur de l’affaiblissement du statut de protection du loup, clairement exprimée jusqu’en 2022 » déplore Christophe Marie, directeur adjoint et porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot.