Point d’étape : une semaine de négociations à la CoP19 de la CITES - Fondation Brigitte Bardot

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Point d’étape : une semaine de négociations à la CoP19 de la CITES

À mi-parcours de la 19ᵉ Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) qui se tient actuellement à Panama City, la FBB tient à saluer quelques décisions encourageantes pour la préservation d’espèces animales en danger, mais déplore le manque de volonté politique sur d’autres pourtant menacées d’extinction !

Au cours de cette première semaine de négociations et de votes (dont certains restent provisoires jusqu’à confirmation en fin de CoP), de nombreux enjeux ont été discutés, lors de débats parfois houleux entre certains pays fortement mobilisés pour défendre leur biodiversité endémique et d’autres davantage concentrés sur leurs intérêts économiques, quitte à sacrifier l’avenir des espèces qui peuplent notre planète. Des discussions souvent frustrantes pour les ONG de protection animale et de conservation des espèces, tant les animaux sont ici considérés comme des marchandises que les pays s’échangent, morts ou vifs, souvent sans considération pour leur bien-être, ni pour les conséquences désastreuses que pourraient avoir ce commerce en matière de santé publique ou de conservation de l’espèce.

Parmi les nouvelles encourageantes de cette première semaine de discussions, nous pouvons mentionner le renforcement de la protection de plusieurs espèces marines, lesquelles sont désormais soumises à des règles de commerce international plus strictes (délivrance de permis d’exportation pour chaque spécimen permettant un meilleur contrôle du commerce de ces espèces). Ainsi, l’ensemble des espèces de requins-requiem et des requins-marteau, les concombres de mer, les raies d’eau douce et les raies guitares seront désormais inscrites à l’annexe II de la CITES, qui répertorie l’ensemble des « espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce des spécimens de ces espèces n’était pas soumis à une réglementation stricte ayant pour but d’éviter une exploitation incompatible avec leur survie ».

Malheureusement pour le Pléco-zèbre (Hypancistrus zebra), poisson occupant la rivière Xingu au Brésil et considéré comme en danger critique d’extinction en raison de la surexploitation liée au commerce international de poissons d’ornement notamment, le renforcement de sa protection a été mis en échec… par l’Union européenne ! Le Brésil proposait d’inscrire le pléco-zèbre à l’annexe I de la CITES, qui comprend « toutes les espèces menacées d’extinction qui sont ou pourraient être affectées par le commerce ». Cette inscription aurait eu pour effet d’interdire strictement le commerce international de cette espèce. Les 27 Etats membres de l’UE s’y sont opposés, se rendant coupables d’une probable disparition du Pléco-Zèbre à court terme… Absolument scandaleux !

Pléco-zèbre

Cette première semaine de discussions s’est clôturée par une journée particulièrement décevante. En effet, alors que 10 pays africains de l’aire de répartition de l’hippopotame demandaient l’inscription de cette espèce à l’annexe I afin d’interdire le commerce international (en vif ou de ses parties, telles que les dents/défenses, peaux, viande…), de nombreux pays ont fait barrage à cette mesure qui aurait pourtant permis la préservation de cette espèce fortement braconnée et victime de trafic international. Parmi les fervents opposants, plusieurs pays d’Afrique australe, principaux exportateurs de spécimens d’hippopotames, mais également l’Union européenne, qui, refusant de considérer le commerce international comme une menace considérable pour l’espèce, a honteusement fait pencher la balance avec un vote défavorable… Une occasion manquée de prendre des mesures raisonnables afin de freiner le déclin alarmant des populations d’hippopotames, dont la reproduction est lente et l’habitat se dégrade de façon préoccupante.

Enfin, la protection des éléphants, discutée une nouvelle fois lors de cette 19ème CoP de la CITES, n’a pas permis de remettre en question le commerce international irrationnel qui pèse sur cette espèce emblématique, fortement menacée par le braconnage et le trafic, et considérée par l’IUCN comme étant en danger. Actuellement, les populations d’éléphants d’Afrique sont inscrites à l’annexe I de la CITES, ce qui interdit leur commerce international… sauf pour quatre pays, à savoir la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, qui sont autorisés à commercialiser leurs éléphants et leurs parties. Une situation différenciée qui facilite le commerce illégal, encourage le braconnage et la demande des consommateurs, et qui nuit donc à la préservation des éléphants d’Afrique. Cela avait notamment donné lieu, en mars dernier, à l’exportation de 22 éléphants vivants de la Namibie vers les Émirats Arabes Unis, provoquant l’indignation de la Fondation Brigitte Bardot et de la communauté internationale. Ce vendredi, de nombreuses voix se sont élevées contre la proposition portée par le Burkina Faso, la Guinée équatoriale, le Mali et le Sénégal, de remédier à cette situation en inscrivant l’ensemble des populations d’éléphants d’Afrique à l’Annexe I de la CITES, afin d’en interdire strictement tout échange à des fins commerciales. Un vote défavorable, auquel l’Union européenne s’est joint, a écarté toute évolution de la protection des éléphants. Ils bénéficieront cependant d’un court répit : les Parties ont en effet décidé d’un moratoire temporaire sur l’exportation d’éléphants vivants, le temps de définir dans quelles conditions de telles exportations peuvent être réalisées. Espérons que ces discussions bannissent définitivement les exportations d’éléphants vers des territoires qui ne sont en aucun cas capables de leur offrir des conditions de vie adéquates !

Enfin, rappelons que le commerce légal de la faune et de la flore sauvage s’élève chaque année à 100 milliards de dollars au minimum. À cela s’ajoute le trafic illégal, qui peut rapporter chaque année jusqu’à 20 milliards de dollars aux trafiquants internationaux. Bien que les enjeux économiques soient considérables, il est plus qu’urgent de réglementer de façon stricte le commerce international des espèces sauvages et de cesser de marchander la vie d’êtres sensibles essentiels à la préservation de notre planète !

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