Les Terres de Nataé, projet retenu par le tribunal de commerce de Lorient pour rependre l’ancien zoo de Pont-Scorff, met en place, depuis le 21 mai, ses initiatives et priorités.
Afin de travailler sur le bien-être animal, première de ces priorités, un plan de suivi vétérinaire rigoureux a été mis en place avec l’appui des soigneurs et sous l’égide du Docteur vétérinaire qui a rejoint les équipes du parc immédiatement après la reprise. Ce plan vise à faire un bilan de santé physique mais aussi psychologique de chacun des pensionnaires.
Par ailleurs, des travaux importants doivent avoir lieu au sein de l’établissement tant pour viser de plus hauts standards en matière de qualité de vie des pensionnaires que pour des raisons de conformité et de sécurité. Dans ce contexte, la direction, forte de son expérience et de l’expertise de spécialistes (2 vétérinaires, 2 biologistes, des équipes spécialisées dans la définition et la construction d’espaces modernes pour les animaux), a également procédé à une analyse de chaque animal présent sur le parc : chacun a fait l’objet d’une étude du rapport bénéfice risque entre sa qualité de vie actuelle, l’impact des travaux, l’impact d’un déménagement et d’une rupture du mode et du milieu de vie, etc.
S’agissant de l’éléphant d’Asie “Gandhi”, qui a entre 53 et 58 ans selon les évaluations et a été confiée à l’ancien zoo de Pont-Scorff en 1998 par le parc de Givskud (Danemark) dans le cadre du plan d’élevage européen pour la conservation des éléphants d’Asie de l’association européenne des zoos et aquarium (*), toutes les parties prenantes ont été consultées pour décider de son maintien dans l’établissement ou de son aptitude au départ et de son éventuelle destination.
Gandhi a vécu des épreuves particulièrement compliquées et traumatisantes dans le passé notamment dans sa relation avec certains congénères qui étaient présents sur le site. De ces situations passées, Gandhi a gardé des souvenirs très négatifs conduisant notamment à ce qu’elle doive être isolée de ses congénères depuis de nombreuses années. Pourtant, les éléphants d’Asie font partie d’une espèce organisée en communautés ou clans, contenant des femelles adultes et mâles et femelles subadultes. Si une mise en contact s’avérait possible avec d’autres éléphants, elle nécessiterait beaucoup de savoir-faire, de dévouement et d’engagement et un espace extrêmement large.
Sur la base de ces analyses, les réflexions ont abouti à l’impossibilité de garantir, notamment pendant les travaux à venir, le bien-être de Gandhi.
Privilégiant avant tout le bien-être animal, et donc l’état psychologique de Gandhi, la direction des Terres de Nataé a donc décidé de lui offrir un espace plus adapté, avec l’espoir pour elle de reprendre progressivement contact avec d’autres éléphants dans un contexte dénué de connotation négative. De plus, le transport doit être le plus bref possible compte tenu de l’âge de Gandhi qui a belle stature malgré les années mais souffre d’arthrose.
Elephant Haven, sanctuaire situé dans le Limousin, est apparu à tous comme la meilleure destination dans ce contexte. Le comité des espèces (**) de l’EAZA a été consulté et a validé la destination de Gandhi. Ce transfert concrétise également les relations très constructives entre les Terres de la Nataé et la Fondation Brigitte Bardot (qui avait déjà soutenu l’ancien zoo de Pont-Scorff pendant le processus de liquidation judiciaire pour nourrir les animaux), partenaire très important du sanctuaire Elephant Haven qui a co-financé en grande partie les installations de nuit du bâtiment des éléphants.
Elephant Haven vise à offrir aux éléphants qui y sont accueillis un havre de paix où finir leur vie et leur permettant de resociabiliser. L’interaction entre les soigneurs et les éléphants n’utilise que des méthodes d’entraînement positives. Gandhi va ainsi pouvoir bénéficier de plusieurs hectares et d’un suivi personnalisé avec des soigneurs dédiés et dans un espace totalement nouveau sans référence négative du passé pour elle.
Ces dernières semaines, toutes les équipes d’Elephant Haven et des Terres de Nataé ont travaillé ensemble afin de préparer, non sans émotion, Gandhi à ce court déplacement vers le sanctuaire. The Elephant Sanctuary (Tennessee) a également apporté son soutien pour le transport de Ghandi et la préparer au mieux à ce transfert. Des nouvelles de Ghandi seront données régulièrement tant aux équipes du parc qu’aux visiteurs à l’avenir.
Un sanctuaire (Elephant Haven), une association reconnue (La Fondation Brigitte Bardot créée en 1986 qui a soutenu la création de nombreux lieux d’accueil, en France et à l’étranger, pour permettre l’accueil d’animaux sauvages en souffrance), le programme de conservation des éléphants d’Asie (EEP, EAZA-ExSitu-Programm), un docteur vétérinaire (Florence Ollivet-Courtois), et un parc zoologique (Les Terres de Nataé) ont ainsi su collaborer pour trouver le meilleur avenir possible pour Ghandi.
À travers cette démarche, les Terres de Nataé confirment la volonté d’ouverture en collaborant avec toutes les parties prenantes œuvrant pour la préservation des espèces les plus vulnérables et le bien-être de chaque animal.
(*) l”éléphant d’Asie est en danger d’extinction car sa population sauvage (50 000 individus) a diminué de plus de 50 % ces 3 dernières générations sur la base de l’aire de répartition. La fragmentation des populations et la perte d’habitat par pression anthropogénique menacent d’autres espèces qui profiteront des efforts consentis pour les éléphants espèce qualifiée par l’IUCN “d’espèce ombrelle” dont le programme de reproduction ex situ est reconnu comme partie prenante de sa conservation en général avec la protection de son biotope.
(**) L’éthologie est la biologie du comportement des animaux et des humains. Cette science regroupe la neurobiologie, l’étude des comportements intra spécifiques et interspécifiques, l’évaluation de l’intelligence et de la psychologie cognitive.
(***) Le Comité des espèces traite de tous les aspects stratégiques du programme d’élevage et notamment discute (et le cas échéant approuve) :
– Les recommandations annuelles de reproduction et de transfert.
– le Plan de gestion à long terme.
– les recommandations sur les bonnes pratiques au sein de l’EAZA
– des propositions de recherche pour l’amélioration des procédures
– les Conflits possibles entre les participants et le coordinateur de l’EEP concernant la mise en œuvre des recommandations.
– Les nouveaux participants non-membres de l’EAZA) proposés pour approbation.
– Les activités de conservation.